Nous avons regardé (et aimé!) la série Cheer de Netflix sur le cheerleading, cette discipline quasi-méconnue en France mais incroyablement populaire aux Etats-Unis.
La série suit le quotidien de l’équipe reine de la discipline, l’équipe du Navarro College de Corsicana – petite bourgade du Texas de 24 000 âmes – menée par Monica Aldama, une coach ambitieuse, charismatique et impitoyable. En quelques années, et en partant de zéro, Monica a su créer, former et entraîner l’élite du cheerleading et se hisser au plus haut niveau national.
La question à laquelle la série tente de répondre est la suivante : qu’est-ce qui fait le succès de cette équipe ?
Au-delà du story-telling bien ficelé et des personnages auxquels on s’attache au fil des épisodes, nous avons trouvé cette série-documentaire très juste pour ce qu’elle raconte sur les équipes qui performent mais aussi – surtout- sur la façon dont se construisent une équipe, l’engagement, la motivation et les résultats.
Bien que l’équipe soit ici présentée dans une version très compétitive et jusqu’au-boutiste, les principaux enseignements résonnent grandement avec la façon dont nous travaillons avec nos clients; les principaux ingrédients qui font le succès de cette équipe étant transposables dans les organisations, les entreprises.
Une destination commune
Pour toute équipe de cheerleading, gagner le championnat de Daytona est LE but ultime, le graal de la discipline qui consacre les efforts de toute une année devant l’ensemble de leurs pairs. Les athlètes y rêvent depuis des années, bien avant d’y participer.
L’équipe de Navarro College a remporté la quasi-totalité des titres depuis plus de 15 ans. Conserver ce titre en surpassant la performance de l’année précédente et en établissant les standards de la discipline, est le moteur affiché et partagé de cette équipe.
Toutes les ressources et les actions de l’équipe sont orientées vers cet objectif commun. Cet objectif crée un engagement et une motivation incomparable sur le plan individuel et sur le plan collectif à chaque moment clef de la vie de l’équipe, de la composition de l’équipe jusqu’au jour du championnat.
Ce qui est intéressant, c’est que le fait d’avoir une destination commune semble ici une évidence et qu’on en mesure facilement l’immense impact sur l’équipe. Néanmoins, lorsqu’on interroge les équipes dans les organisations, elles ont souvent moins de clarté sur ce qui fait la spécificité de leur association et quelle est leur objectif commun. Prendre le temps de s’interroger sur ce qui nous réunit est une étape puissante à ne pas sous-estimer.
Une communication efficace
Les chorégraphies, qui durent seulement 2min 30s, sont d’une intensité folle. Les cheerleaders virevoltent dans tous les sens et enchaînent des figures toutes plus périlleuses les unes que les autres. Tout est millimétré.
Evidemment, la performance repose sur un nombre incalculable de répétitions. Mais le succès réside aussi dans une communication permanente. Communication entre le staff encadrant et les athlètes sur le « mat » (tapis) certes, mais aussi et surtout entre les athlètes qui sont sur « on-mat » et ceux « off-mat ». Ils sont sans arrêt en train de s’encourager, de se donner du feedback individuellement et collectivement, de se féliciter quand ils réussissent et de se corriger en cas d’erreurs.
Ces échanges directs, permanents et en temps réels à de multiples niveaux leur permettent d’atteindre un niveau de synchronicité impressionnant.
Interdépendance, vulnérabilité et confiance
“Winning teams rise and fall together” répète sans relâche Monica.
La priorité est sans équivoque le collectif. Certains profils ne sont pas retenus en dépit de leurs qualités car ils ne « fittent » pas avec le reste du groupe ou sont trop individualistes.
La réussite de la routine repose sur les performances individuelles et collectives. Une erreur peut déstabiliser l’ensemble du groupe. La conscience mise sur cette interdépendance crée un puissant sentiment de cohésion et génère un sentiment profond de confiance entre les co-équipiers.
La confiance est également cultivée à travers la vulnérabilité. Les risques de blessure encourus par les cheerleaders durant la routine, notamment lors de la pyramide finale lorsque les « flyers » sont propulsées à plusieurs mètres dans les airs, sont réels et importants. Sans confiance, impossible de se dépasser et de mettre son intégrité physique entre les mains de ses partenaires.
Un management inspirant
Adulée par son équipe et enviée par ses concurrents, Monica est la figure centrale de l’équipe. Sa réputation la précède et les cheerleaders viennent de tous les coins du pays pour être sélectionnés dans son équipe.
On ne peut pourtant pas dire que sa chaleur humaine soit son principal atout et pourtant elle occupe une place parfois démesurée dans le cœur des membres de son équipes : athlètes comme staff.
Au-delà de ses nombreux trophées, voici ce ce qui fait selon nous l’aura de cette coach :
- Sa détermination et sa persévérance sont modélisantes pour l’équipe : elle travaille sans relâche pour faire progresser l’équipe.
- Sa présence indéfectible auprès des athlètes, pour lesquels elle accepte parfois de jouer un rôle allant bien au-delà du simple coaching sportif.
- Sa capacité à s’entourer, à s’appuyer et à faire confiance aux autres encadrants.
Un leadership partagé
Ce qu’il est intéressant d’observer, c’est que malgré le culte que l’équipe vous à Monica, cette adoration ne les empêche pas de faire preuve de leadership eux-mêmes, bien au contraire. La culture de l’équipe valorise la prise d’initiatives et le développement de leur propre style.
On pense au personnage de Jerry dont la façon quasi-hystérique d’encourage ses co-équipiers créent une vraie marque de fabrique dans l’équipe.
Il y a aussi la façon dont certains membres de l’équipes vont spontanément proposer à d’autres de travailler tels ou tels figures sans que le coach leur demande ou encore les punitions auto-imposées (push-ups, squats et sprints à gogogs) lorsqu’ils laissent tomber une de leur camarade.
Des rituels
Le cheerleading est un sport plein de rituels. L’équipe de Navarro College n’y coupe pas.
L’équipe chante son propre hymne avant et après chaque entrainement et bien sûr pendant les compétitions. Ils ont également chacun leur propre poignée de main secrète et ont sur leurs vêtements un mystérieux acronyme.
Ces rituels créent une connexion physique et psychique entre les membres de l’équipe bien au-delà de l’entraînement.
L’équipe d’en face
Dans les centaines d’équipes de cheerleading que comptent les Etats-Unis, l’équipe challenger, la numéro 2, est celle du patelin d’en face, Trinity Valley College. Quelles sont les chances que les 2 équipes les plus performantes soient à quelques kilomètres de distance ?
Ce dernier point est peut-être le fruit du hasard mais on peut aussi penser que la proximité géographique joue un rôle majeur dans la motivation, l’émulation et l’inspiration dans le cas de cette ville.
Nous observons qu’Il en va de même dans les organisations. Les équipes performantes entrainent dans leur sillage les équipes les plus « proches » dans un esprit de contamination positive, d’infusion.
Conclusion
Il ne s’agit pas de faire l’apologie d’une recette prête à l’emploi et de transformer votre boîte en équipe de cheerleading (nous savons que les uniformes à paillettes ne sont pas du goût de tous) mais plutôt d’inviter à réfléchir aux éléments qui résonnent avec votre réalité d’équipe et ce que vous auriez envie de faire différemment après avoir fini cette page.