Le concept de sécurité psychologique fait son chemin dans les organisations et s’invite dans les conférences professionnelles et les discussions à la machine à café.
S’il est plutôt simple de comprendre ce dont il s’agit, il n’est pas toujours évident de savoir comment s’en emparer dans la vie professionnelle ni si cela améliorera concrètement notre quotidien.
De quoi parle-t-on quand on parle de sécurité psychologique?
La sécurité psychologique est un concept qui désigne un environnement dans lequel les individus se sentent en confiance pour exprimer leurs idées, poser des questions, partager des préoccupations ou faire des erreurs sans crainte de répercussions négatives, d’humiliation ou de rejet.
Ce concept a notamment été par la chercheuse Amy Edmondson qui l’a étudié dans le contexte des équipes et des organisations. Les caractéristiques de la sécurité psychologique sont les suivantes :
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- Absence de peur : Les membres de l’équipe se sentent libres d’exprimer leurs idées, préoccupations ou questions sans craindre de représailles, de rejet ou d’humiliation.
- Ouverture : les idées, même inhabituelles ou opposées, sont accueillies avec respect et curiosité. Les membres du groupe sont encouragés à partager leurs perspectives et opinions.
- Droit à l’erreur : les erreurs ou échecs sont perçus comme des opportunités d’apprentissage plutôt que comme des fautes à punir.
- Confiance : chacun présuppose que les autres agissent avec de bonnes intentions. Cela réduit les comportements défensifs et les conflits inutiles.
- Égalité dans la prise de parole : chaque membre, quelle que soit sa position hiérarchique ou son ancienneté peut s’exprimer et sa parole est considérée.
- Gestion constructive des conflits : recherche de solutions et des compromis lors des désaccords ou conflits, sans attaquer les personnes.
- Apprentissages collectifs : les équipes cherchent à tirer un maximum d’apprentissages de leurs expérimentations et à les diffuser à l’échelle du groupe.
- Respect de la diversité : les différences (culturelles, professionnelles, personnelles) sont valorisées comme une richesse et non comme un obstacle.
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Quels sont les impacts d’un niveau élevé de sécurité psychologique ?
Un haut niveau de sécurité psychologique dans les organisations a un impact profond et positif sur de nombreux aspects, tant au niveau individuel que collectif.
Amélioration de la communication et de la résolution de problèmes.
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- Les problèmes sont identifiés et abordés plus rapidement grâce à une communication ouverte.
- Ces équipes se relèvent plus facilement des échecs et apprennent plus rapidement de leurs expériences.
- Dans un contexte de changement ou de crise, ces équipes sont mieux préparées à s’adapter rapidement et à collaborer pour trouver des solutions.
Emulation, créativité et innovation.
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- Les employés se sentent libres d’exprimer des idées nouvelles, même si elles sont risquées ou non conventionnelles, sans crainte d’être ridiculisés ou rejetés.
- Les personnes issues de milieux divers ou sous-représentés se sentent encouragées à partager leurs perspectives uniques, ce qui enrichit les discussions et les décisions.
- La capacité d’expérimentation et d’apprentissage par essai-erreur est renforcée, favorisant un environnement propice à la créativité.
Engagement et bien-être des employés.
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- Les employés qui se sentent respectés et écoutés sont plus engagés, motivés et satisfaits dans leur travail.
- La réduction du stress et de l’anxiété liée à la peur de l’échec ou du jugement améliore le bien-être général des employés.
- Dans les équipes où la sécurité psychologique est forte, l’absentéisme et le turnover sont plus faibles qu’ailleurs.
- Ces équipes ont une capacité accrue à intégrer les talents.
Performance accrue grâce à une meilleure coopération.
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- Les équipes où règne la sécurité psychologique collaborent plus efficacement et produisent de meilleurs résultats.
- La libre circulation des idées permet d’optimiser les processus, de réduire les inefficacités et d’améliorer la qualité des décisions.
Sur quels critères peut-on évaluer la sécurité psychologique ?
De façon empirique, vous pouvez simplement observer les interactions au sein de votre équipe lors des réunions ou demandez à des personnes extérieures de le faire.
- Qui prend la parole et qui reste silencieux ?
- Les idées des membres sont-elles accueillies avec respect ou ignorées ?
- Les erreurs sont-elles discutées ouvertement et de manière constructive ?
Vous pouvez également faire un état des lieux de vos rituels et pratiques : avez-vous sanctuarisé des temps d’apprentissages collectifs type retex, systématisez-vous le feedback au sein de l’équipe, incluez-vous des tours de réactions / commentaires dans vos process ?
Vous pouvez reprendre le questionnaire standardisé d’Edmonson (ci-après) et demandez aux membres de votre équipe de le remplir de façon anonyme et en discuter collectivement ensuite.
Vous pouvez également inclure une question explicite sur la sécurité psychologique ou le niveau de bien-être dans vos “pulses”.
À évaluer avec une échelle de Likert.
- « Si vous faites une erreur dans votre équipe, cela est généralement utilisé contre vous. »
- « Les membres de l’équipe sont capables de soulever des problèmes et des sujets difficiles. »
- « Les personnes de l’équipe acceptent les différences en matière de compétences ou de perspectives. »
- « Il est sécurisant de prendre des risques dans votre équipe. »
- « Il est difficile de demander de l’aide à d’autres membres de votre équipe. »
- « Personne dans votre équipe ne rejettera quelqu’un pour avoir fait une erreur. »
- « Les membres de votre équipe valorisent et respectent les contributions des autres. »
Comment développer la sécurité psychologique ?
Pas de recette miracle malheureusement mais se poser la question de ce que l’on peut faire, constitue certainement une bonne première étape.
La sécurité psychologique se cultive au quotidien à travers les interactions quotidiennes, les rituels et les processus.
Voici quelques tips faciles à appliquer au quotidien :
- Essayez de ne pas interrompre vos collègues
- Assurez-vous en réunion d’inviter chaque personne à partager ses idées ou son opinion.
- Ecoutez et essayez de comprendre sincèrement des opinions différentes des vôtres. Posez des questions ouvertes
- Organisez des débriefs projets ou des retex régulièrement pour analyser ce qui a fonctionné ou non.
- Faites des erreurs et des échecs des sujets de discussion collectifs, ne les mettez pas sous le tapis.
- Demandez des retours à vos collègues régulièrement et remerciez-les lorsqu’ils le font.. Faites vous aussi des retours constructifs à vos collègues.
- Favorisez des échanges informels ou personnels pour créer des liens authentiques.
Pour aller plus loin :
The Fearless Organization, Amy C. Edmondson (livre)
Building a psychologically safe workplace (vidéo)
Psych Safety Community (ressources)